Olivier Bresson

Directeur adjoint Clients Territoire pour la région Sud-Est - GRDF

Interview d'Olivier Bresson lors de la conférence de presse à Marseille :

2024 est marquée par le lancement d’un nouveau projet d’entreprise « mission décarbonation » comment pensez-vous engager vos clients dans cette dynamique ?

Effectivement, nous allons aider nos 700 000 clients à sʼengager, avec nous, sur une réduction de leur empreinte carbone, afin de répondre à cette ambition collective.
Pour les clients particuliers, nous avons achevé en fin dʼannée le déploiement des compteurs communicants. Cʼest une brique essentielle pour la décarbonation. Chaque client peut désormais accéder à ses données de consommation sur son espace GRDF et nous leur proposons des solutions adaptées pour quʼils puissent maitriser leur consommation.
Par ailleurs, à lʼéchelle de la région Provence-Alpes-Côte dʼAzur, nous allons poursuivre le travail de partenarial engagé avec les collectivités comme cela a été le cas en 2023 avec notamment le renouvellement du contrat de concession de la ville de Marseille pour une durée de 30 ans. Ce contrat intègre la poursuite dʼun engagement sociétal fort de GRDF en matière dʼaccompagnement de la transition énergétique notamment autour des questions de précarité énergétique dans les quartiers prioritaires de la Ville de Marseille. Ainsi, avec le soutien de volontaires en service civique, nous nous engageons à toujours mieux informer et sensibiliser ces populations en matière de réduction des consommations et donc des dépenses dʼénergie.

Ces actions ne sont pas nouvelles puisquʼavec Médiance 13 à Marseille, Face Var àToulon et P@je à Nice, ce sont plus de 2 000 clients qui ont été visités et sensibilisés aux écogestes, permettant des baisses significatives de consommation.
Concernant le secteur de lʼindustrie, nous avons pris la décision de rentrer, aux côtés de GRTGaz et dʼune quarantaine dʼindustriels de Fos et de lʼétang de Berre, dans le consortium Syrius dont lʼobjectif est de décarboner cette zone qui fait partie des plus émettrices en France avec 20 millions t CO2/an.
Le gaz, et le gaz renouvelable ont toute leur place dans cette stratégie, lʼélectricité et lʼhydrogène ne pouvant répondre seuls aux enjeux de ce territoire.
Enfin, côté résidentiel, nos équipes sont plus que jamais sur le terrain en 2024 pour informer sur les bons gestes, les solutions efficaces existantes et sur les avantages incomparables des gaz verts. Nous avons également une action pédagogique avec la filière chauffage, autour de la pompe à chaleur (PAC) hybride, en logements individuels et collectifs. La PAC Hybride associe le meilleur des deux énergies électricité et gaz : elle est éligible aux mêmes aides que la PAC électrique air/eau avec un reste à charge moindre. Elle permet surtout de faire baisser la facture de lʼordre de 40% et de décarboner. De la même façon, le grand public nʼen a pas toujours conscience : passer dʼune ancienne chaudière à une chaudière THPE et souscrire à un contrat de Gaz Vert permet à la fois de réduire sa facture dʼau moins 30% tout en décarbonant sa consommation de gaz de 80%.

Cette communication pédagogique autour des équipements et du gaz vert, nous la déclinerons au travers dʼune tournée régionale auprès des collectivités, des lycées agricoles ou même lors dʼévénements où lʼon ne nous attend pas forcément comme les festivals de lʼété par exemple. Nous travaillons également en étroit partenariat avec les acteurs du logement – promoteurs immobiliers et bailleurs sociaux que nous accompagnons concrètement dans leur stratégie de verdissement de la consommation dʼénergie. A titre dʼexemple avec Inʼli PACA, nous travaillons à Cannes (98 appartements de la résidence Bret) à lʼobtention dʼun label BBC rénovation en mixant gaz et énergies renouvelables. Autre exemple avec ERILIA avec qui nous avons signé une convention de partenariat pourintégrer du gaz vert dans ses consommations. Cʼest le cas à Trets avec la résidence Veyrier (49 logements sociaux) où nous avons mené une expérimentation très positive dʼhybridation combinant pompe à chaleur et gazvert.

Deuxième levier de cette stratégie de décarbonation, l’accélération du développement des gaz verts ?

Nous devons en effet accélérer la dynamique dans notre région dans ce domaine car les objectifs à atteindre sont ambitieux : 20% de gaz verts dans les réseaux en 2030.

6 unités de méthanisation sont dʼores et déjà en service dans notre région produisant 76 GWh/an soit lʼéquivalent de 19 000 logements chauffés au gaz via la méthanisation de bio déchets ou de boues des stations dʼépuration. Sur notre région, des projets de méthanisation agricole émergent, dans le Vaucluse avec par exemple un projet collectif à Mondragon, et un projet à Uchaux, le projet TOMMATES qui sʼinscrit dans la volonté locale de redynamisation de la filière tomate. Cependant, le potentiel agricole méthanisable nʼest pas illimité, aussi notre région veut-elle être en pointe sur lʼinnovation en matière de production de gaz vert :
  • nous travaillons en R&D avec les vignerons de la Sainte Victoire sur un projet de production de biométhane à partir de cultures plantées entre les rangs de vigne;
  • nous accompagnons les parfumeurs de PRODAROM pour transformer leurs déchets (drêches) en gaz vert.
Nous travaillons également à faire émerger de nouvelles filières de production de gaz renouvelable tels que la pyrogazéification qui permet de produire du gaz vert à partir de déchets solides (projet Green Gas Provence à Istres) ou la gazéification hydrothermale qui permettra de produire du gaz à partir dʼeffluents liquides. Un démonstrateur pourrait voir le jour en 2025 à Cannes en partenariat avec la Communauté dʼagglomération. Des réflexions sontégalement à lʼétude à Nice.
Au total, ce sont près de 40 projets qui sont en maturation dans notre région pour une capacité totale de production de près dʼ1 TWh par an soit lʼéquivalent de 250 000 logements neufs chauffés au gaz.
Enfin, la méthanisation des déchets alimentaires est aussi une voie de développement futur puisque, depuis janvier 2024, les collectivités ont obligation de mettre à disposition de leurs administrés des dispositifs de collecte qui permettent ensuite dʼalimenter les unités de méthanisation et cela va se développer, contribuant à une économie circulaire vertueuse sur le territoire.

Cette « mission décarbonation », comment va-t-elle se traduire concrètement au sein même de vos activités en région Provence-Alpes-Côte d’Azur?

Ce projet interne est ambitieux et enthousiasmant. Cʼest une rupture, une profonde transformation de lʼentreprise. Nous sommes le premier distributeur de gaz au monde à nous inscrire dans cette trajectoire de décarbonation, tous scopes confondus, en adéquation avec lʼaccord de Paris pour freiner le changement climatique. Ce projet « Mission Décarbonation » montre quʼun acteur dʼune énergie, à lʼorigine fossile, comme GRDF se transforme et remplace lʼénergie quʼil distribue, au bénéfice de ses clients et plus largement de son territoire. Les engagements concrets que nous prenons, nous gaziers, vont faire de nous de véritables militants de la décarbonation.
Nous avons une conviction forte : pour décarboner la France, nous avons besoin de lʼalliance de lʼélectron et de la molécule. Lʼélectrification massive ne peut pas être lʼunique solution. Les faits sont têtus : le système ne boucle pas et nous aurons besoin de gaz encore longtemps. Ce projet est exigeant. Très exigeant même : cʼest un véritable tournant et je sens nos équipes particulièrement enthousiastes. Dans notre région, près de 80 % dʼentre elles ont déjà participé à « la fresque carbone », inspirée de la fresque du climat et inventée par une équipe de salariés GRDF.
A notre échelle, nous, gaziers, pouvons également être des acteurs de référence notamment en innovant dans nos pratiques. Concrètement, prenons lʼexemple de lʼempreinte carbone de nos chantiers. Nous pouvons faire circuler une énergie plus verte dans un réseau de canalisations plus vertes. En optant pour le polyéthylène certifié biosourcé, nous pouvons réduire l'empreinte carbone de ses canalisations. Nous lʼavons mis en place et cʼétait une première mondiale sur un chantier de la région. Comparé aux canalisations traditionnelles issues du pétrole, le polyéthylène certifié biosourcé réduit de 50% les émissions de gaz à effet de serre.

Autre technique innovante : la pose de canalisations de polyéthylène enrubannées. Sur un chantier, le déblai et les remblais, c'est presque la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Avec cette nouvelle technique, la diminution de matières de remblaiement, de matériaux transportés et du temps de pose cʼest, 8 tonnes de CO2 évité par km de réseau posé, soitlʼéquivalent de 8A/R Paris-NewYork ! Et à chaque fois que nous posons 10 km de canalisations de polyéthylène enrubannées, c'est 3 500 tonnes de sable et gravas qui sont évitées soit le volume d'une piscine olympique!
Jʼen suis persuadé, chaque geste compte. Nous pouvons être à la fois acteurs et inspirateurs de nouvelles pratiques plus vertueuses. Ce qui est valable pour poser des tuyaux dʼun réseau de gaz ne pourrait-il pas lʼêtre pour un réseau dʼeau, par exemple ? Au-delà de décarboner l'ensemble du gaz qui circule dans nos réseaux, nous gaziers de GRDF, avons l'ambition de décarboner l'ensemble de nos activités avec l'aide de nos prestataires. Cette stratégie de petit pas et dʼactions concrètes, nous continuerons à la pousser pour prendre pleinement notre part dans lʼélan de décarbonation en faisant de Provence-Alpes-Côte dʼAzur un laboratoire dʼinnovations autour de la décarbonation du gaz, des usages, et de notre réseau.

Interview sur le gaz vert en région Provence-Alpes-Côte d’Azur